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Luminothérapie-Indications

Dépression saisonnière

La dépression saisonnière, ou blues de l'hiver, se caractérise par des symptômes dits "atypiques" puisqu'ils sont différents de ceux d'une dépression standard. Ainsi, la personne a davantage le goût de manger (féculents et sucre) et de dormir. Une baisse d'énergie et des symptômes cognitifs (culpabilité, dévalorisation, etc.) et une perte d'intérêt pour les activités antérieures peuvent également être présents. Habituellement, les gens présentent ces symptômes dès le mois d'août et ce, jusqu'au mois d'avril. Lorsque ces symptômes affectent significativement les activités quotidiennes de la personne, au point de ne plus aller travailler par exemple, il est alors question de dépression saisonnière hivernale, qui touche environ 3 % de la population. Si les symptômes sont plus modérés, il sera alors question de "déprime hivernale" ou de "blues de l'hiver", qui affecte environ 20 % de la population11. Les femmes seraient plus touchées que les hommes. Selon des médecins américains, la lumière constitue un traitement de premier choix pour soigner ce type d'affection et présente l'avantage d'éviter les effets secondaires des médicaments12. La dépression saisonnière est plus connue sous le nom de TAS (trouble affectif saisonnier).

Dépression non saisonnières

Certaines études américaines proposent l'association de la luminothérapie et d'un antidépresseur sérotoninergique. Cette association permet de raccourcir le délai de réponse de l'antidépresseur et, même dans certains cas, de diminuer le dosage des médicaments. Utilisée en fin de traitement, la luminothérapie permet d'allonger la période de "bien-être" du patient.

Travail de nuit ou travail de "pauses"

Pour un travail de nuit, la luminothérapie est utilisée au moment qui correspond au début de la journée de travail. Une deuxième exposition à la lumière est préconisée vers 1h. du matin (moment du "coup de pompe") et en fin de travail, la personne évitera la lumière du matin afin de mieux dormir durant la journée.

Pour un travail de "pauses", il faut qu'il n'y ait pas de changement d'horaires sur une durée de minimum 7 jours. À ce moment-là, il faudra adapter chaque changement d'horaire de travail en se basant sur les traitements de luminothérapie préconisés dans le décalage horaire (changement de fuseau horaire lors de voyage aérien).

Troubles du sommeil

La luminothérapie permet de remettre à l'heure l'horloge interne du patient qui présente des décalages de phases ou des insomnies.

  1. Avance de phase du sommeil : le patient s'endort tôt (17 h p. ex.) et se réveille tôt (p. ex. 3 h du matin). Une séance de luminothérapie vers 17 h retardera la phase de sommeil vers la nuit.
  2. Retard de phase de sommeil : le patient s'endort tard et se réveille tard. Une séance matinale de luminothérapie recalera la phase de sommeil vers la nuit.
  3. "Mauvais sommeil" : une séance matinale de luminothérapie améliorera le sommeil du patient tout en évitant les effets secondaires des hypnotiques (somnolence matinale, diminution de la mémoire et décapitation des phases III et IV du sommeil (phases de récupération), diminution de la libido, risques d'accoutumance et de dépendance).

La luminothérapie a été citée comme une des meilleures thérapies non médicamenteuses de l'insomnie.

Voyage aérien

Lorsqu'un individu voyage en "sautant" des fuseaux horaires, il ressent un état de fatigue ou d'éveil à un mauvais moment de la journée. Pour se remettre en phase avec le nouvel horaire du pays dans lequel il va, celui-ci a besoin d'un jour de "réadaptation" par fuseau horaire "sauté". À titre d'exemple, un voyage Benelux ↔ États-Unis engendre un décalage de 6 heures par rapport à l'horaire de départ. Un individu normal aurait besoin normalement de 6 jours de "réadaptation" au nouvel horaire mais, grâce à la luminothérapie, 1 à 2 jours lui suffiront. Chaque voyage devra être analysé individuellement et certaines méthodes de calcul permettent d'établir des traitements de luminothérapie différents selon le nombre de fuseaux horaires "sautés".

Quelques conseils supplémentaires :

  • Dans l'avion, boire au moins deux litres d'eau (en évitant l'alcool et le café).
  • Se mettre directement à l'heure de la destination : régler la montre à l'heure de la destination future et imaginer la présence sur place.
  • Adapter le comportement en fonction du nouvel horaire.
  • Pour rester éveillé plus longtemps, prendre un repas riche en protéines. Consommer des protéines, riches en tyrosine et pauvres en sucres augmente l'excitation des neurotransmetteurs dont la sérotonine et provoque l'éveil.
  • Pour trouver le sommeil, prendre un repas riche en glucides. Consommer des produits comme du lait riche en tryptophane (précurseur de la sérotonine) et des produits sucrés augmentant le taux d'insuline et aidant le transport du tryptophane à travers la barrière hémato-encéphalique provoquera une augmentation du taux de mélatonine.

 Remise à l'heure de l'horloge biologique

La chronobiologie préconise la prise d'un médicament en fonction du métabolisme de celui-ci en effet notre horloge biologique règle les rythmes hépatiques. En choisissant une heure bien précise pour la prise d'un médicament, variable selon le type de médicament, le thérapeute pourra optimiser le traitement et se permettre de diminuer les doses de celui-ci. Ce cas bien particulier de la médecine est utilisé en cancérologie où l'individu a recours à des médicaments très toxiques. En cas de cancer, le patient subit des décalages par rapport à une journée normale, ceux-ci étant dus à son état de stress, d'insomnies, de nausées… La luminothérapie utilisée en début de traitement permettra de remettre l'horloge biologique interne du patient en phase par rapport à l'horloge réelle de la journée. Le thérapeute pourra alors choisir la meilleure heure pour l'administration du traitement anti-cancéreux.

Fatigue chronique

Pour le médecin, le diagnostic n'est pas aisé et ce type d'état du patient est très controversé. Cette fatigue intense peut "cacher" bon nombre de problèmes : dépression, fibromyalgie, mononucléose infectieuse… De manière générale, la luminothérapie, par son action régulatrice sur le rythme circadien (±24h.), aura une action bénéfique sur la fatigue de la personne. Certains individus ont été soulagés de cet état de fatigue anormal par une simple exposition matinale à la lumière.

États dépressifs avant et après accouchement

Une femme sur dix environ présente un état dépressif pendant sa grossesse. Pendant la période de gestation, le médecin évite autant que possible l'utilisation de médicaments (effets tératogènes, effets abortifs…). Un grand nombre de patientes présenteront un état dépressif après l'accouchement (baby blues). Des séances de luminothérapie commencées pendant la grossesse et poursuivies après l'accouchement amélioreront l'état dépressif ante - et post-partum.

Syndrome prémenstruel

Le syndrome prémenstruel est un trouble applicable aux jours précédant les menstruations chez certaines femmes. Il est caractérisé par une prise de poids notable due à une rétention hydrosaline excessive, par un gonflement douloureux des seins, des maux de tête, les jambes lourdes, des éruptions cutanées ou d'herpès et par des troubles du comportement : nervosité, anxiété, émotivité, dépression… Cet état est dû à un déséquilibre du rapport sérotonine / mélatonine. La lumière peut rétablir cet équilibre. Une simple luminothérapie quelques jours avant l'apparition habituelle de ces symptômes est préconisée.

Fatigue dans la sclérose en plaques et dans la maladie de Parkinson

Une séance de luminothérapie matinale peut améliorer les états de fatigue intenses que connaissent les personnes atteintes de sclérose en plaques ou de la maladie de Parkinson. Un examen ophtalmologique est nécessaire.

 Personnes âgées et démence sénile

Les personnes âgées présentent souvent des avances de phase du sommeil : la personne s'endort tôt et se réveille tôt. Une exposition à la lumière vers 17 h retardera l'apparition du sommeil et décalera ainsi la phase de sommeil vers la nuit. Le personnel soignant est peu nombreux pendant la nuit, ce qui augmente les risques d'accident des personnes âgées qui se relèvent la nuit sans surveillance. N'oublions pas que beaucoup d'hypnotiques présentent de nombreux effets secondaires notamment des effets négatifs sur la mémoire, sur l'équilibre, ils diminuent la vigilance, ils provoquent des effets de sédation nocturne mais aussi diurne, ils ont un effet dépressif et provoquent une dépendance et une accoutumance. La luminothérapie ne présente pas ces inconvénients et est certainement très bien placée pour remplacer ou, en tout cas, diminuer les hypnotiques.

Dans la maladie d'Alzheimer

Les états cognitifs et perturbation des cycles sommeil-éveil dans la maladie d'Alzheimer sont dus à une dégénérescence des cellules de l'horloge biologique à cause de la maladie. En début de maladie, lorsque l'horloge biologique est encore active, l'état général du patient peut être amélioré en l'exposant à une séance matinale de luminothérapie. (La lumière améliore la synchronisation des rythmes biologiques).

Prise ou perte de poids

Les états compulsifs alimentaires tels que la boulimie et l'anorexie peuvent être améliorés par une séance matinale de luminothérapie. Une étude parue dans le Int. Journ. of eat disorders (janvier 2003 vol 33;76-77) propose une "aide" thérapeutique au moyen de la luminothérapie à toutes les adolescentes atteintes d'anorexie. Dans les prises de poids, la luminothérapie pourra venir en aide dans le sens où elle diminue les appétences pour le sucre. Ces compulsions alimentaires sont plus souvent présentes au début de l'automne et pendant toute la période automne - hiver. Cet attrait pour le sucre est dû à un manque de sérotonine. En mangeant du sucre, l'augmentation du taux d'insuline permet un passage plus aisé du tryptophane (précurseur de la sérotonine) au niveau de la barrière hémato-encéphalique. Ce réflexe peut être compris comme un réflexe de régulation interne.

Abstinence alcoolique

Une étude parue dans le Journal of Clinical Psychiatry (1993) (Jul, 54.7, 260-2) démontre que « l'absence de lumière (darkness) appelle l'alcool ». Sans facteur de stress ajouté, des rats soumis à une absence totale de lumière préfèrent boire de l'alcool que de l'eau. Dans cette même étude, l'auteur montre que la luminothérapie peut s'avérer très utile dans les sevrages alcooliques. L'auteur remarque que les consommations d'alcool sont plus fréquentes pendant la période automne-hiver. Spécialement pendant cette période, une séance matinale de luminothérapie administrée à ces patients les aidera à prévenir les rechutes. Par son effet stabilisateur sur le sommeil et sur la composition de celui-ci, la luminothérapie peut être utilisée pendant le sevrage alcoolique en complément des traitements conventionnels.

Sport

Des études ont été faites sur l'état de vigilance du cerveau de volontaires exposés ou non à la lumière. Il s'avère que les personnes exposées à une lumière intense répondent plus rapidement et avec plus de discernement que celles mises dans la pénombre. Les sportifs, pratiquant un sport nécessitant une grande attention, verront un intérêt certain dans l'utilisation de la luminothérapie. Pour les sportifs professionnels, un problème de décalage horaire peut s'ajouter.

Personnes actives et en bonne santé

Une courte séance de luminothérapie, dans les deux heures après le lever, procure le même tonus qu'une matinée ensoleillée de printemps ou d'été. Les simulateurs d'aube permettent également d'augmenter la production de sérotonine le matin et de diminuer la mélatonine (sensation de fatigue). Ces simulateurs permettent de se réveiller avec la lumière et de respecter le cycle de sommeil.

Effets secondaires

La lumière étant dépourvue d'ultra-violets et d'infrarouges, la luminothérapie est a priori dépourvue d'effets secondaires. De légers maux de tête et de l'insomnie sont parfois observés, surtout en début de traitement. Une diminution de la durée d'exposition et un espacement plus important des séances feront disparaître ces petits inconvénients. Il faudra être prudent chez les personnes sensibles à la lumière, soignées aux sels de lithium ou aux tétracyclines (sensibilisants).

La prudence est de règle chez les gens souffrant de maladie bipolaire qui ne feront pas de luminothérapie en dehors d'une surveillance médicale parce qu'il y a un risque de déclencher un état maniaque. Ce risque est encore plus élevé si le patient a tendance à prolonger les séances de luminothérapie. On conseille des séances de 10 minutes pendant les phases dépressives et un arrêt du traitement dès l'amélioration des symptômes.

Notes et références

Thierry Lefebvre, Cécile Raynal, Les solariums tournants du Dr Jean Saidman, Glyphe, Paris, 2010 (ISBN 978-2-35815-027-9)

(en) Rosenthal NE, et al. Seasonal affective disorder. A description of the syndrome and preliminary findings with light therapy. Arch Gen Psychiatry. 1984 Jan;41(1)

(en) Tuunainen A, Kripke DF, Endo T. Light therapy for non-seasonal depression. Cochrane Database Syst Rev. 2004(2):CD004050

(en) Lam RW, Levitt AJ, et al. The Can-SAD study: a randomized controlled trial of the effectiveness of light therapy and fluoxetine in patients with winter seasonal affective disorder. Am J Psychiatry. 2006;163(5):805-12.

(en) Golden RN, Gaynes BN, et al. The efficacy of light therapy in the treatment of mood disorders: a review and meta-analysis of the evidence. Am J Psychiatry. 2005;162(4):656-62.

(en) Pacchierotti C, Iapichino S, et al. Melatonin in psychiatric disorders: a review on the melatonin involvement in psychiatry. Front Neuroendocrinol. 2001 Jan;22(1):18-32. Synthèse d’études

(en) Karadottir R, Axelsson J. Melatonin secretion in SAD patients and healthy subjects matched with respect to age and sex. Int J Circumpolar Health. 2001 Nov;60(4):548-51

(en) Pizzorno JE Jr, Murray Michael T (Ed). Textbook of Natural Medicine, Churchill Livingstone, États-Unis, 1999, p. 1054.

(en) Remé C, A Wenzel et C Grimm, « Mechanisms of blue-light induced retinal degeneration and the potential relevance for age-related macular degeneation and inherited retinal diseases » Chronobiol Int. 2003;20:1186-1187

    Stéphanie Perron, « Lampes de luminothérapie: guide d'achat », Magazine Protégez-Vous, décembre 2010.

    Lavoie, M-P, Du soleil plein la tête : Démystifier le trouble affectif saisonnier et ses traitements. Édition Quebecor, 2009

  Dr Norman E. Rosenthal et Gérard Pons : "Soif de lumière" Jouvence éditions

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